Voici le texte qu’elle a rédigé :
La FFEA souligne avec satisfaction les avancées et points positifs suivants sur lesquels elle avait pour certains beaucoup insisté, en particulier :
- La reconnaissance des lieux d’enseignement artistique spécialisé comme « acteurs fondamentaux dans la mise en œuvre de la priorité ministérielle donnée à l’éducation artistique et culturelle et à l’application concrète des droits culturels ».
- La prise en compte des réalités du travail effectué par nombre d’équipes professionnelles pour faire évoluer nos structures, en affirmant que « si l’offre et le fonctionnement des conservatoires ont profondément évolué ces dernières décennies, l’image d’un conservatoire élitiste et figé persiste encore, en contradiction souvent avec les réalités de terrain (…) ». Tout en continuant de travailler sur le fond, la FFEA préconise que tous les acteurs, et en premier lieu le Ministère et les collectivités, contribuent à faire évoluer cette image qui n’est elle-même plus perçue comme « élitiste et figée » dans de nombreux territoires.
- L’importance de la diversité des pratiques et des parcours au sein des établissements, « creuset d’une culture ouverte et commune, à la croisée de la création, des répertoires et des patrimoines chorégraphiques, musicaux et théâtraux occidentaux comme extra-européens (…) ».
- La réaffirmation de la nécessité de placer à la tête des établissements « un.e directeur.trice qualifié.e selon les règles statutaires, titulaire d’un CA ou du grade de PTEA, ou titulaire du CA de directeur ou du grade de DETEA (…) ». Ce point est capital alors qu’on constate une certaine tendance à placer des personnels administratifs à la direction d’établissements.
- La réaffirmation de disposer d’une « équipe pédagogique qualifiée selon les règles statutaires (CA, DE, DUMI) » et le rappel en particulier de l’importance du rôle des professeurs d’enseignement artistique (PTEA ou titulaires du CA).
- L’accueil du public en situation de handicap, avec la désignation d’un « référent handicap disposant de la formation nécessaire au sein de l’équipe pédagogique. »
- Le souci de « lisibilité et de simplicité » pour tous les acteurs, et en premier lieu le public, qui risquent malheureusement d’être démentis par les faits (voir ci-dessous).
- Nombre de dispositions qui existent déjà dans les critères de classements actuels et sont reprises dans les nouveaux textes.
Cependant la FFEA attire l’attention sur les points suivants :
- Les délais très courts du calendrier de l’étude d’impact, qui ne permettront pas selon nous de créer les conditions d’une véritable concertation avec l’ensemble des acteurs concernés et donc d’en tirer les conclusions de manière efficiente et partagée, risquant ainsi de desservir la réforme elle-même.
- L’effet inverse à celui qui est recherché en matière de « lisibilité et de simplicité ». En effet, contrairement à ce qui est affirmé, le système actuel est relativement bien identifié par l’ensemble des acteurs, collectivités, public, professionnels, y compris à l’international, et chacun comprend bien ce que signifie un rayonnement communal, intercommunal, départemental ou régional. De plus, ces notions décrivent assez bien la complémentarité et la richesse du réseau français d’établissement. La recherche de nouvelles appellations à la place du « classement », d’abord « labellisation » puis aujourd’hui « certification », ne fera selon nous qu’apporter de la confusion et non la lisibilité recherchée. Le niveau du diplôme national et le rôle des DEM, DET et DEC et DET actuels sont également des facteurs d’incertitude et de manque de lisibilité.
- En effet, il est indiqué que « pour la plupart des élèves, le diplôme national se situera à l’issue de leur parcours », sans qu’on sache s’il s’agit du niveau des CEM / CEC / CET ou DEM / DEC / DET actuels. De plus, « les élèves ayant intégré un enseignement préparant à l’entrée dans l’enseignement supérieur (…) auront la possibilité de le passer au moment où ils le souhaitent ». Enfin, « les DEM / DEC / DET délivrés historiquement par les conservatoires ont également vocation à disparaître. Toutefois, ceux-ci étant des diplômes d’établissement ils pourront continuer à être délivrés par les conservatoires qui le souhaitent. » L’ensemble de ces dispositions, même si nous entrevoyons la logique qui les sous-tend, nous semblent de nature à désorienter profondément les élèves, leurs familles, et probablement aussi les professionnels.
- C’est pourquoi nous attirons l’attention sur l’articulation entre l’enseignement initial et l’enseignement supérieur, qui doit se faire dans un souci d’harmonie avec les critères européens et de parfaite lisibilité pour les étudiants et les familles qui les soutiennent. Il faut en effet veiller à ce que le fléchage des parcours à visée professionnelle soit clairement identifié sur l’ensemble du territoire national et incite nos jeunes artistes à continuer de se former en France, en évitant d’amplifier la tendance actuelle qui voit nombre d’entre eux partir étudier à l’étranger. L’enrichissement indiscutable que constitue une expérience à l’international ne doit pas se faire au détriment du système français d’enseignement artistique, dont l’excellence est encore largement reconnue à l’étranger.
- Le risque pour nombre de conservatoires actuellement classés CRC ou CRI de ne pas pouvoir être « certifiés » en raison de l’exigence de disposer désormais de deux spécialités parmi musique, danse et théâtre, et l’impact négatif que cela aura sur ces établissements, leur territoire, leurs personnels et leur public, alors qu’un excellent travail y est souvent réalisé.
- Le risque de voir, au sein d’un même établissement, certaines disciplines retenues pour le diplôme national et d’autres non. En effet, « chaque conservatoire aura la possibilité d’être habilité à délivrer, par discipline, un diplôme national (…) ». Cette disposition, si elle était mise en œuvre, aurait pour conséquence de voir apparaître d’importantes iniquités entre disciplines et par conséquent entre élèves au sein d’un même établissement, même si la mise en réseau de plusieurs établissements peut être envisagée pour couvrir l’ensemble des disciplines. Il ne faut pas en effet négliger les logiques internes aux établissements, notamment en termes de pratiques collectives et de projets transversaux, qui seraient ainsi fragilisées. De plus, la mobilité des élèves entre établissements est souhaitable en théorie, mais beaucoup plus difficile à mettre en pratique selon les territoires.
- Enfin nous nous interrogeons sur le fait que des critères de classement différents pourraient être introduits en fonction de la strate territoriale et/ou du nombre d’habitants, le critère « de X habitants ou densité < à X » restant à définir. Nous attirons ici l’attention sur le risque d’un déséquilibre territorial et d’une rupture d’égalité entre les territoires, selon qu’il s’agira des grosses agglomérations, de milieu urbain ou rural.